
La Milk Shake connection; du récit au lexique Turlin
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Passant pour être consécutivement un magasin de vêtement, un restaurant, un bar de jeunes, une galerie, un bar à champagne, une agence de voyage, une crèche, un entrepôt, une brocante et une maison de quartier, l’atelier d’Alexia Turlin est transformiste et surtout habité. Les procédés de création soumis systématiquement à la transparence, de même que la dissolution de l’oeuvre dans son récit, sont les fruits d’un programme consciencieusement établi et annoncé: La Milkshake Agency est aujourd’hui une entreprise en pleine expansion.
De la fabrication de ces pièces évènementielles, advient la nécessité d’un récit comme une forme d’achèvement de l’œuvre, porté conjointement par l’artiste et ses extensions spectatrices (la Milkyway soit la connection).
La nature de l’œuvre implique la nécessité de vivre tout en racontant ce qui est vécu et raconté. Le récit qui en découle intègre l’ordre des souvenirs, portés par une mémoire collective: la fameuse Milkshake connection. L’œuvre d’Alexia Turlin est doublée de son propre récit, en forme d’agence artistique cross over qui, épisodiquement et sous diverses formes (rarement textuelles) vient raconter l’étendue de sa découverte.
Si «l’art est ce qui rend la vie plus belle que l’art», cela se manifeste dans cette percée cross over qu’elle opère entre les termes et les formes.
Aussi ce qui cross over c’est une entreprise artistique qui, promettant une sérieuse efficacité dans sa vocation de «raffermissement du tissu social», travaille (à l’étude et) à la mise en place d’un procédé de répercussion de la création sur une esthétique au quotidien.
A mon entrée officielle dans la Milkshake, Alexia m’a offert un Milkyway dont je n’ai, dans un premier temps, su qu’apprécier la saveur, à défaut de saisir symboliquement les enjeux que renfermait cette barre chocolatée fourrée de bulles de lait, elles-même fourrées de sucre. Me saisissant de l’image, j’ai envisagé la Milkshake comme une chose appétissante et donc attractive, composée de couches et de sous couches, de fourrage fourré, de gens contenant leurs autres propres et cet ensemble devenait un genre d’abîme de relations à partir duquel on tombe nez à nez sur «(c’est fou comme) le monde est petit».
Details
Date
1 déc. 2006
Catégorie
Publication
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Auteur.e

Carla Demierre
Écrivaine
Carla Demierre a étudié les arts visuels à Genève et la création littéraire à Montréal où elle a mené une recherche autour de la question du montage en littérature. Ses textes mélangent poésie et narration, expérimentation formelle et cut-up documentaire.