
Exposition
"ça peut toujours être utile"
ça peut toujours être utile
Exposition de vases en porcelaine et émail, une exploration des esthétiques du Bauhaus et du design postmoderne. Ces objets interrogent la relation entre forme et fonction.
« ça peut toujours être utile » (2013-2014) est le titre en forme de promesse d’une série de vases en porcelaine et émail. Ces vases sont faits de superpositions, alternant des formes géométriques élémentaires (fabriquées selon la technique céramique dite du « montage à la plaque ») et des tubes d’aspect organique modelés à la main. Si j’utilise des esquisses préalables qui me servent principalement à ouvrir des pistes, l’élaboration des vases est pour une large part le résultat d’une négociation prospective qui s’opère entre un morceau de terre et moi. Cette part d’imprévu est également présente dans l’utilisation que je fais de l’émail: à des émaux industriels destinés à un revêtement ornemental ou de protection, j’ai associé le fruit d’une recherche personnelle sur des émaux épais et coulants qui deviennent partie prenante de la forme, mais dont je ne maîtrise qu’en partie la disposition finale. La forme définitive se détermine durant la cuisson à 1180°.
« ça peut toujours être utile » est une exploration des esthétiques du Bauhaus et du design postmoderne. Le résultat évoque entre autres choses : une préparation pâtissière à l’éréction instable, un objet sculptural, des sexes masculins et/ou féminins... un vase. Ces objets interrogent à leur façon la relation entre forme et fonction. En s’augmentant, se complexifiant, débordants de sécrétions et de fluides multicolores, ils signifient leur récalcitrance à être réduit au seul rôle d’objet utilitaire. Ce sont des vases en pleine tentative d’émancipation qui font une grosse opération de séduction pour s’éviter le placard. Mais bien que se refusant à accepter une vulgaire mission de servitude domestique, ils n’en assument pas moins leurs responsabilités et sont ainsi certifiés parfaitement étanches.
Lors de la mise en espace, les vases prennent place dans un dispositif fait de plaques de verre et d’éléments démantelés de rééditions ou de copies approximatives de chaises modernistes en tube d’acier. Je m’intéresse à ces deux matériaux pour leur caractère emblêmatique de la construction moderne d’ameublement, permettant la production en série, la standardisation, le fonctionnalisme et l’hygiène. Mart Stamm et Marcel Breuer se sont longuement disputé la paternité de ce système de sièges en tubulaire. Quant à moi, j’en accomode les résidus pour confectionner des tables basses, poursuivant un questionnement sur les notions d’utilité et d’utilisation.
Alexandra Nurock.
Alexandra Nurock (1972), vit et travaille à Genève. Réalisatrice de documentaires, performeuse, scénographe, mannequin pour la maison Martin Margiella ... Alexandra Nurock collabore avec les autres (Christophe Rey, Fabrice Gygi, Andréas Kressig...) et coordonne des rendez-vous culturels pour des associations et des événements comme Antigel, l'Amamco ... Diplômée en arts visuels de la HEAD (2006), elle continue d'explorer son regard intime sur le monde à travers son postgrade en céramique au Cercco-HEAD (2013).
C'est ce qu'elle nous propose de partager pendant un mois dans la vitrine de la Milkshake Agency dès le vendredi 28 aôut.
Vase © crédit photographique: Sandra Pointet. 2014
Lieu
Milkshake Agency
Durée
du 29 août au 4 octobre 2015
Artiste(s)
Alexandra Nurock
Catégorie
Exposition
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