Dessins nomades

Tout débute par des carnets partagés. Calepins de poche aux pages blanches où les artistes Loriane Buro-Papilloud et Cécile Koepfli dessinent chez elles. A intervalle régulier les petits livres investis empruntent la voie postale ou passent de main à main pour rejoindre l’autre.Genève-Le Trétien. Le Trétien-Genève. Genève-Le Trétien. Le Trétien-Genève. Liberté d’inscrire, d’intervenir, de tracer, de colorer le dessin déjà posé, d’en tracer un en écho ou de renoncer à y toucher. Les dessins de l’une imprègnent la création de l’autre. Deux identités artistiques. Une création commune. Les deux artistes explorent aussi la présence directe. Genève - Les Granges -Le Trétien.Ensemble autour d’une table, côte à côte, en échange, face à face, dos à dos. Les dessins évoquent cette drôle d’intimité qui se construit où les mémoires, le temps et les lieux éprouvés deviennent autre chose par leur entrelacement. Les motifs, les couleurs font image d’un dialogue coulissant, grinçant, libérant, questionnant. Les dessins nomades arpentent les contours de l’identité artistique par sa mise en jeu. L’envie d’emprunter des chemins de traverses, l’envie d’expérimenter un drôle d’endroit qui serait à pieds joints sur la crête du mimétisme, entre la fragilité de l’influence et la puissance du partage. Un drôle d’endroit où un tapis vert s’installe dans l’herbe, où des pieds chaussés de talon aiguille tiennent les chaises, où l’espace domestique bruit de fougères, où les liens entre formes colorées veillent sur nos yeux ouverts. Un monde emmêlé, joyeux, sombre et coloré, un abri-nid habité où le temps se dilate et s’étend.

Mélanie Duc.

(EnTrétiens)

Avec ou sans consignes Cécile et Loriane se retrouvent depuis 2 ans pour dessiner ensemble. Elles présentent ici dans l’atelier de la Milkshake Agency une sélection en série parmi une centaine de dessin. Une production foisonnante rassemblée et montrée pour la première fois dans cet espace vitrine. Dimensions variables, parcours variables, médiums variables. Elles se retrouvent à travers leurs pratiques artistiques par là ou ailleurs, face à face, à 4 mains, autour d’une table, dehors, dedans… dans les interstices de leur vie si pleine. Espaces de dessin en liberté, sortis des cadres, on ne sait plus qui fait quoi mais chacune agit comme moteur à rebondissements pour l’autre et les vocabulaires s’enrichissent de ces dialogues. Enthousiasme permanent parfois grinçant. « C’est comme jouer aux lego un jour de pluie » me dit Cécile en riant « on ne voit plus le temps passer ». Entre Genève et le Valais, le Trétien, les Granges, Lausanne… Leurs productions se surprennent et s’interloquent. Une rencontre dans l’intimité de leur monde intérieur. Ego en écho…

Alexia Turlin.